"Jazz is not just Music. It's a way of Life, It's a way of Being, A way of Thinking". Nina Simone

Le morceau du mois

Joe PASS / Here's That Rainy Day

Disques

Fred HERSCH / Silent, Listening


Fred Hersch est sans conteste l'un des maître du piano solo. Improvisateur hors pair, artiste à la sensibilité exacerbée, il ne nous déçoit jamais. "Silent, Listening" est son premier album pour le prestigieux label ECM. Il a été enregistré dans un studio Suisse, The Auditorio Stelio Molo à Lugano, sous la houlette de Manfred Eicher. Au programme, sept compositions originales dont le magnifique "Starlight" et quelques standards choisis avec soin comme "Star-Crossed Lovers" de Billy Stayhorn ou "Softly, As In A Morning Sunrise" de Sigmund Romberg qu'il réinventent avec le talent et la finesse qu'on lui connait. A 68 ans, Fred Hersch est véritablement au sommet de son art. Alors, on fait silence et on écoute cet album admirable.

"I think jazz is kind of reactive in the moment, that's what it should be. It shouldn't be people regurgitating things that they've practised, shredding or whatever. I mean, that just turns me off. I find it totally uninteresting.
I don’t want to go to a gig and say, “Wow, that was impressive.” I don't want to do that, to hear people play what they know. I want to hear them play what they don't know! I think on this record, I played a lot of things that I didn't know until they happened. That's what makes me the happiest about it
". Fred Hersch

https://fredhersch.com/

       

 

​​Stefano DI BATTISTA / Dolce Vita


Avec son nouvel album "La Dolce Vita", le saxophoniste Stefano Di Battista apporte une nouvelle preuve de l'extraordinaire vitalité du Jazz en Italie. Le titre fait référence au film de Federico Fellini (1960), véritable référence du cinéma Italien. Les douze titres de cet opus nous font redécouvrir quelques incontournables de la culture musicale transalpine comme "Volare", "Con Te Partiro", "Via Con Me" ou encore "Una Lacrima Sul Viso". A la tête d'un quintet de haut vol (Matteo Cutello / trompette, Fred Nardin / piano, Daniele Sorrentino / basse et André Ceccarelli / batterie), il nous convie à une jolie balade musicale qui confirme ses qualités de mélodiste et sa belle sonorité qui n'est pas sans rappeler celle de son maître, Art Pepper. Et puis, une mention particulière pour le lumineux Matteo Cutello que je ne connaissais pas, particulièrement en valeur sur le "Caruso" de Lucio Dalla. Musica molto bella !

"L’album a pour but d’explorer une partie de l’immense et merveilleux répertoire italien depuis la Dolce Vita et de l’offrir au public contemporain. Ces compositions incarnent la culture italienne et l’art de nos grands compositeurs, en soulignant l’âge d’or incontestable de l’Italie et l’héritage de ces années qui vit encore en nous aujourd’hui". Stefano Di Battista

http://www.stefanodibattista.eu/fr/

       

DAL SASSO Big Band  / Chick Corea's "Three Quartets" Revisited


En 1981, Chick Corea enregistre l'album "Three Quartets". Conçu sur le modèle du quatuor à cordes classique, il réunissait autour du pianiste, Michael Brecker (saxophone), Eddie Gomez (contrebasse) et Steve Gadd (batterie). Plus de quarante ans plus tard, Christophe Dal Sasso s'est emparé de cette œuvre majeure pour la transposer pour son Big Band. A ses côtés, des musiciens d'exception, en particulier les saxophonistes David El-Malek, Stéphane Guillaume et Rick Margitza qui se partagent avec brio les parties dévolues au seul Michael Brecker, ainsi que le pianiste Pierre De Bethmann qui se glisse admirablement dans les doigts et dans l'esprit, si je puis dire, de Chick Corea.  
Pour compléter l'album, Christophe Dal Sasso a ajouté trois autres compositions de Corea, "Slippery When Wet" et "Folk Song", enregistrées lors des sessions des trois quartet mais aussi le superbe "Tones for Joan' Bones

Du grand art !

https://www.christophedalsasso.fr/


Enfin, à l'heure où les pochettes de disques sont trop souvent banales voire laides, une mention particulière pour le graphiste Olivier Linden qui après bien d'autres, a conçu celle-ci, absolument superbe.

https://olivierlinden.com/

       

Un morceau, une histoire

Sigmund ROMBERG & Oscar HAMMERSTEIN II / Softly, As In A Morning Sunrise 



"Softly As In A Morning Sunrise" a été composé en 1928 par le duo Romberg / Hammerstein pour l'opérette "The New Moon" créée à l'Imperial Theatre de Broadway le 19 septembre de la même année et représentée 519 fois, un véritable triomphe donc. A l'origine composé comme un Tango, ce morceau a été beaucoup repris dans un tempo différent par les Jazzmen qui en ont fait un standard. En voici quelques belles versions : Sonny Rollins "Live At The Village Vanguard" 1957), Vince Guaraldi "A Flower Is A Lovesome thing" (1958), John Coltrane "Live At The Village Vanguard" (1961), Lorez Alexandria "Deep Roots" (1962), Stan Getz & Kenny Barron "People Time" (1991), Jean-Michel Pilc "Together : Live At The Sweet Basil" (2000)  et bien sûr Fred Hersch sur son nouvel album "Silent, Listening".

              

              

              

Cuba, Danemark, France, Suisse : un carré d'as international

La chronique de Philippe VINCENT


Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore El Comité, voilà un orchestre qui symbolise bien la musique cubaine d’aujourd’hui dans tout ce qu’elle a de plus riche. Loin de tout cliché exotique, elle garde ici ses racines tout en laissant la place à des compositions et à des arrangements très actuels servis par des musiciens d’exception comme il y en a beaucoup sur la grande île des Caraïbes. Parmi eux, Carlos Sarduy, Irving Acao, Harold Lopez-Nussa ou Rolando Luna sont sans doute les plus connus mais peu importe les individualités dans un groupe aussi naturellement soudé. Ils ont joué pour la plupart avec une partie du gratin de la scène internationale (Chucho Valdes, Los Van Van, Buena Vista Social Club) mais se mettent tous au service de ce « Carrousel » (Caramba/Virgin-Universal) qui fait tourner la tête. Un véritable rayon de soleil en ce printemps qui en manque ! Et si vous avez l’occasion de les voir en concert, n’hésitez pas car c’est sur scène qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, aspirant les auditeurs dans un tourbillon d’énergie revigorant. En juillet ils seront à Ajaccio, Saint-Cannat, Vienne, Juan les Pins, Angers et Marciac.
 

              


On a déjà parlé ici de Kathrine Windfeld, cette pianiste et cheffe d’orchestre talentueuse qui marche sur les traces de Carla Bley et de Maria Schneider à la tête d’un superbe big band avec lequel elle a déjà signé trois disques depuis presque dix ans. Mais c’est avec un sextet qui tourne depuis plusieurs années qu’elle nous présente aujourd’hui “Aldebaran” (Stunt Records/UVM). Cette formation plus réduite laissant davantage de place aux solistes pour s’exprimer, on y découvre, entre autres, deux souffleurs polonais superbes et pleins d’assurance, le trompettiste Tomasz Dabrowski et le saxophoniste Marek Konarski. Quant à la musique de Kathrine Windfeld (elle signe l’intégralité des morceaux et des arrangements), elle révèle les mêmes qualités que celle de son big band, pleine de richesse et d’énergie et clairement enracinée dans les fondamentaux du jazz. Entre la poésie des ballades et la puissance des morceaux up-tempo gorgés de swing et de groove, la danoise montre une fois de plus son inventivité et sa culture d’un héritage historique parfois oublié aujourd’hui. Un album réjouissant.

https://windfeldmusic.dk/

              


Après la fougue et l’ampleur du son d’un sextette, l’ambiance intimiste d’un duo saxophone & piano. Je ne connaissais ni Pierrick Menuau ni Gaétan Nicot mais je dois dire que l’écoute de leur album “The Nearness” (Tinker Label / L’Autre Distribution) m’a caressé l’oreille avec plaisir. Le titre a dû leur venir facilement tant on entend de la proximité et de la complicité dans leur échange construit sur une grande écoute mutuelle. Il faut dire que depuis quinze ans ils ont partagé plusieurs projets communs dans la région nantaise qui est la leur et que des références communes les ont rapprochés (sans doute Stan Getz & Kenny Barron, Wayne Shorter & Herbie Hancock ou Bill Evans & Jim Hall). Avec un répertoire équilibré entre compositions personnelles, improvisations et standards où ils sont souvent fidèles à la mélodie tout en empruntant des chemins plus aventureux, ils offrent sans aucune esbroufe une musique pleine de fraîcheur et de naturel. Une jolie découverte qui nous confirme une fois de plus que faire naître l’émotion n’est pas le seul apanage des stars.
 

              

Enfin, pour les plus aguerris aux contours actuels d’un jazz héritier de formes libertaires où l’improvisation collective est maîtresse avant tout, il faut parler du trio suisse Helveticus. Formé de Samuel Blaser (trombone), Heiri Kanzig (contrebasse)et Daniel Humair (batterie), trois musiciens de générations différentes, ce trio sans instrument harmonique publie, avec “Our Way” (Blaser Music / L’Autre Distribution), son deuxième album. Jouant ensemble depuis plusieurs années, les trois musiciens font preuve d’une cohésion remarquable, les moments d’improvisation collective laissant entendre que la liberté de chacun est d’abord au service d’un projet commun parfaitement réussi. Qu’il s’agisse de compositions originales, d’adaptations de traditionnels suisses ou de classiques du jazz revisités  (Tiger Rag, Bemsha Swing, Creole Love Call), l’ensemble du répertoire fait preuve d’une unité remarquable servie par trois as de leur instrument.

Philippe Vincent



Directeur de la Société OMD (1983 - 1996) spécialisée dans la distribution de labels Jazz
(Enja, Timeless, Muse, Sunnyside, GRP, etc), créateur du label IDA Records (1984 - 1998)
qui enregistra Barney Wilen, Louis Sclavis, Laurent De Wilde, Enrico Pierannunzi
et bien d'autres, Philippe Vincent est membre de l'Académie du Jazz et collaborateur
régulier de Jazz Magazine depuis 2008.

​Festival

Respire Jazz Festival


La 15e édition du festival Charentais se déroulera du 27 au 30 juin sur le site champêtre de l'Abbaye de Puypéroux. Vous retrouverez toute la programmation sur le site du festival. Pour ma part, je retiens en tout premier lieu le Quartet de Pierre De Bethmann le 29, mais aussi Henri Texier ainsi que le Quintet de Pierre Perchaud le 28, sans oublier la conférence musicale de Franck Bergerot intitulée "La douleur et la joie de Billie Holiday".
Et puis, mentionnons également l'exposition intitulée "Jazz et Blues, visions graphiques", consacrée aux artistes qui ont illustré les couvertures de feu le magazine Jazzman (Fernandez, Loustal, Avril, Crumb, Siné ...).

https://www.respirejazzfestival.com/

"Respire Jazz Festival est un véritable voyage au pays du jazz et de l’improvisation. Musique vivante en perpétuelle évolution, nous en proposons le reflet. Libres artistiquement nous privilégions les coups de cœur. Les jeunes talents, les musiciens confirmés et les jam sessions animent les trois journées, alliant tradition et modernité, expérience et jeunesse. Un subtil équilibre... Nous osons prendre des risques avec une programmation éclectique et exigeante, et le souhait de faire découvrir toutes les formes de jazz actuel. La proximité avec le public est une de nos priorités".

       

Bad News

David SANBORN (30/07/1945 - 12/05/2024)


Le saxophoniste David Sanborn est décédé le 12 mai. Artiste éclectique et prolifique, il  était un peu snobé par les puristes car il s'aventurait sur des terres parfois très éloignées du Jazz. Et de fait, on pouvait le retrouver aux côtés de Marcus Miller, des Brecker Brothers, de John McLaughlin, de George Benson mais aussi d'Eric Clapton, de David Bowie, de Sting ou encore de Carly Simon. Sideman de luxe, il avait par ailleurs publié une quinzaine d'album sous son nom.

"Pour moi, les catégories musicales n’ont aucun sens. Définir les contours d’un genre musical crée ses propres limites. Quel intérêt d’imposer une hiérarchie puisque chaque culture en influence une autre. D’Angelo a-t-il plus de valeur que Hank Mobley ? Qui est le meilleur trompettiste, Miles Davis ou Clifford Brown ? Est-ce que cela a une importance ? S’agit-il d’une compétition ? Plus je vieillis, plus je trouve ces interrogations inutiles". David Sanborn

https://www.davidsanborn.com/

       

Christian ESCOUDÉ (23/09/1947 - 13/05/2024)


Autre bien triste nouvelle, celle de la disparition à l'âge de 76 ans du guitariste Christian Escoudé. Né à Angoulême d'une mère charentaise et d'un père d'origine manouche, il est initié à la guitare par ce dernier. A 21 ans, il devient musicien professionnel et se fait très vite une place de choix dans le milieu musical Parisien, adoubé par des artistes comme Aldo Romano, Michel Graillier ou encore Eddy Louis. Mais sa notoriété ne se limite pas à l'hexagone comme le prouvent ses collaborations avec John McLaughlin et Ron Carter. Christian Escoudé avait su se forger un style très personnel, mêlant les héritages de Django Reinhardt et du Bebop. Heureusement, il nous reste son abondante discographie dont son dernier album "Ancrage" qu'il venait tout juste de publier (voir la Newsletter d'avril 2024).

http://jazznicknames.over-blog.com/2023/07/les-news-2024-avril.html

       

Palle DANIELSSON (15/10/1946 - 18/05/2024)


Décidément, ce mois de mai aura été bien cruel pour le monde du Jazz. Le contrebassiste Suédois Palle Danielsson  nous a quitté le 18 mai à l'âge de 77ans. Il commence la musique par l'harmonica puis se tourne vers la contrebasse. Il étudie à l'académie royale de Stockholm et entame ensuite une carrière professionnelle qui le verra jouer avec quelques-uns des meilleurs musiciens de son temps (Bill Evans, Geri Allen, Michel Petrucciani, Ben Webster, Enrico Rava, Barney Wilen et sa compatriote Monica Zetterlund ...). C'est avec le quartet de Keith Jarrett, de 1974 à 1979, qu'il obtient une véritable consécration, en particulier avec deux albums que je vous recommande chaudement, "Belonging" (1974) et "My Song" (1977). Il aura finalement peu enregistré sous son nom, préférant son rôle de Sideman.

       

Un artiste à découvrir ou à redécouvrir

Anselm KIEFER

J'ai découvert l'artiste plasticien Allemand Anselm Kiefer à l'occasion de l'exposition organisée par le Palazzo Strozzi à Florence (22 mars au 21 juillet 2024). Jusque-là, je ne le connaissais pas et pourtant il est considéré comme l'un des plus grands maîtres des XXe et XXIe siècles. Né le 8 mars 1945 à Donaueschingen, il poursuit des études artistiques dans les académies de Fribourg-en-Brisgau et Karlsruhe puis commence sa carrière dans les années soixante. Depuis 1993, il est installé en France. Anselm Kiefer crée des œuvres tout à fait uniques et souvent monumentales en utilisant la peinture bien sûr mais aussi des matériaux aussi divers que le plomb, la cire, les graines, la terre, les fleurs, le sable et la cendre. A noter que son père était officier dans la Wehrmacht ce qui l'a conduit à essayer de réveiller les consciences, considérant que le nazisme n'est pas mort. Signe de la reconnaissance du monde de l'art, depuis 2007, trois de ses oeuvres sont exposées au Musée du Louvre.

"Je n'ai foi que dans l'art et sans lui je suis perdu. L'histoire pour moi est un matériau comme le paysage ou la couleur". Anselm Kiefer

"Fallen Angels"

"Archaic Zelotipia And The Odium Teleologicum" - Acrylic 280 X 380 (2023)

Une photo, une histoire

Usa - South Dakota - Mitchell - Corn Palace - 3 septembre 2006

The Mitchell Corn Palace (Le palais du maïs de Mitchell) est le dernier bâtiment de ce type aux Etats-Unis. A la fin du XIXe siècle, il en existait pourtant de nombreux. Ils avaient été édifiés pour célébrer les productions agricoles locales. Le Corn Palace est recouvert de fresques réalisées avec des milliers d'épis de maïs. Elles sont remplacées et redessinées chaque année.

Mes derniers albums photos en ligne sur Adobe Express

My Favorite Pictures 2002 - 2011


Parmi les milliers de photos que j'ai prises au fil des années, j'en ai sélectionnées quelques-unes.

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My Favorite Pictures 2012 - 2024


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Italy - Firenze - 1er avril 2024
"Abstraction" - Acrylic By Raphaël

"I don't have a definition of Jazz. You're just supposed to know it when you hear it".
Thelonious Monk

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