"Jazz is not just Music. It's a way of Life, It's a way of Being, A way of Thinking". Nina Simone

Le morceau du mois

Leonard COHEN & Sonny ROLLINS / Who By Fire

https://sonnyrollins.com/

​​Disques

Biréli LAGRÈNE / Plays Loulou Gasté

Quel rapport peut-il y avoir entre Bireli Lagrène et Louis "Loulou" Gasté, c'est la question que je me suis posée en recevant cet album. En fait, Loulou Gasté et son épouse Line Renaud, pour laquelle il a composé une multitude de chansons, partageaient une profonde admiration pour Django Reinhardt. Cette année marque le 70e anniversaire de la disparition du roi du jazz manouche et Line Renaud a souhaité que le catalogue de son mari soit revisité dans ce style musical. Qui mieux que Bireli Lagrene pouvait donner vie à ce projet ? Accompagné par deux complices de longue date, Hono Winterstein (guitare rythmique) et Diego Imbert (contrebasse), il retrace la carrière de Loulou Gasté en 12 titres, des incontournables comme "Ma Cabane au Canada", "Rose de Mai" ou encore "Feelings" mais aussi des morceaux moins connus. Bireli Lagrene a l'art de magnifier et de s'approprier les compositions des autres au point qu'on pourrait penser qu'elles sont les siennes. Sa virtuosité et son sens du swing font une fois de plus merveille.

"Je suis très souvent un guitariste à risque. J'aime aller là où je ne suis jamais allé avant. Je pense que le public a besoin de rire et j'ai toujours préféré amener le public vers moi en lui faisant des petits clins d'œil et en lui offrant des petites plaisanteries musicales. La musique est faite pour rendre le public et le musicien joyeux". Bireli Lagrène

https://birelilagrene.com/

       

​​​​The Blues Corner

Grant HAUA / Mana Blues


J'ai déjà eu l'occasion de vous présenter Grant Haua, le Bluesman Maori originaire de Tauranga en Nouvelle-Zélande (voir la Newsletter de juillet 2022). Le revoici, et ce n'est pas un hasard, au moment où se déroule la coupe du monde de rugby. L'album "Mana Blues" est sorti le 8 septembre, le jour du match d'ouverture France / New Zealand. D'ailleurs, la pochette ne laisse planer aucun doute sur son soutien aux All Blacks, il se présente avec les yeux exorbités et le tirage de la langue emblématiques du fameux "Haka" des Blacks. Ce nouvel opus est plus Rock et plus Funky que les précédents mais tout aussi intéressant. La voix de Grant Haua est toujours aussi puissante et sa guitare dévastatrice.
Mon titre préféré, "Embers" (Braise), qu'il a composé après avoir visité le mémorial de Caen, en hommage aux néo-Zélandais tombés lors de la bataille de Normandie.

"Ceux qui sont familiers de ma musique remarquent que cet album est bien différent de mes précédentes productions que j'avais composées principalement à la guitare acoustique. Etant de la génération X, toutes ces chansons sont fortement influencées par cette période que je considère, et de loin, comme la meilleure de l'histoire du Rock". Grant Haua

https://granthauamusic.com/

       

Un artiste à découvrir ou à redécouvrir

Frank SALIS


Les hasards de la vie m'ont fait rencontrer cet été, dans une charmante petite station balnéaire de Toscane, l'organiste, pianiste, guitariste et compositeur helvétique Frank Salis. Nous avons beaucoup parlé de notre passion commune, le Jazz. Au delà de de ces échanges amicaux, j'ai bien entendu écouté sa musique et j'avoue avoir été séduit par cet excellent musicien. Son album H30 (H come Hammond évidemment), enregistré en Live à Vevey, nous fait voyager aux frontières du Jazz et du Blues avec un soupçon de Funk. Par ailleurs, sa collaboration avec le chanteur Américain Michael Watson est particulièrement réussie.
Cet "héritier" de Jimmy Smith et de Rhoda Scott mérite véritablement d'être découvert.

http://franksalis.com/

              

Un morceau, une histoire

Maurice YVAIN, Albert WILLEMETZ  & Jacques CHARLES / Mon Homme (My Man)


Il n'est pas si fréquent qu'une chanson Française devienne un standard de Jazz, c'est pourtant le cas ici. "Mon Homme" a été écrit en 1920, pour Mistinguett, par Albert Willemetz et Jacques Charles sur une musique de Maurice Yvain. Les deux auteurs se seraient inspiré de la liaison tumultueuse entre la Miss et Maurice Chevalier. On retrouve la chanson, la même année, au Casino de Paris dans la revue "Paris qui Jazz". En 1921, la chanson est adaptée en Anglais par le dramaturge Channing Pollock, elle est enregistrée par Fanny Brice, la chanteuse des Ziegfeld Follies. Elle rencontre un véritable succès auprès des artistes de Jazz, en particulier les chanteuses. En voici quelques versions et notamment la sublime interprétation de Barbra Streisand dans "Funny Girl", le film de William Wyler (1968).

Billie Holiday (1937), Peggy Lee "I Like Men" (1959), Dizzy Gillespie "Have Trumpet, Will Exite !" (1959), Ella Fitzgerald "Hello Dolly" (1964).

 

       

       

Avalanche d'automne - La chronique de Philippe VINCENT

C’est une véritable avalanche de nouveautés qui nous submerge en ce début d’automne. Et vu la qualité de la musique proposée, difficile d’écarter trop de disques, qu’ils soient signés de jeunes artistes ou de musiciens confirmés.

Dexter Goldberg nous avait déjà étonné avec la sortie d’un premier album en 2018 qui lui avait permis de se faire un prénom (il est le fils du saxophoniste Michel Goldberg). Sens de l’harmonie, du rythme, de la mélodie et joli touché de piano qui distille la virtuosité avec parcimonie, tout est là pour faire de lui l’un des grands pianistes de l’hexagone au milieu d’une concurrence ardue. Si ce « Caliboudja » (Jazz & People/PIAS), nom d’un personnage que son imagination déjà fertile inventa lorsqu’il était enfant, propose un répertoire essentiellement constitué d’originaux, on sent que Dexter a été nourri de toute l’histoire du jazz et que groove et swing irradient le bout de ses doigts. Pas étonnant qu’Ahmad Jamal l’est adoubé avant de disparaître. Avec les excellents Clément Daldosso à la basse et Raphaël Pannier à la batterie, voici un trio candidat aux honneurs de fin d’année.

https://www.dextergoldberg.com/

       

Baptiste Bailly est lui aussi un jeune pianiste talentueux que nous avions découvert il y a deux ans lors de la sortie de son premier album en solo. Le voici en duo avec le guitariste Gwen Cahue et nous avions été enthousiasmé par leur concert au festival charentais Jazz à Saint-Sat en janvier dernier. Pas de surprise donc avec une musique où l’écoute mutuelle le dispute à la virtuosité, le tout baignant dans une atmosphère ensoleillée garantie par le passé des deux musiciens, Cahue ayant beaucoup fréquenté le monde de la guitare manouche et Bailly ayant fait ses armes pendant plusieurs années en Espagne. Les deux instruments harmoniques tissent une véritable dentelle musicale, faisant de ce « Storyboard » (Label Ouest/Bayard Musique) un vrai petit joyau.

https://www.baptistebailly.com/

       

Depuis quelques années, les japonais, et plus spécialement les japonaises, ont investi le jazz new-yorkais. C’est le cas de Miki Yamanaka qui s’est installée à Big Apple il y a une dizaine d’années, ne tardant pas à s’y faire reconnaître des meilleurs musiciens. Avec « Shades of Rainbow » (Cellar Live Records), son septième album, elle se présente avec son trio habituel augmenté d’un invité prestigieux, le saxophoniste Mark Turner. Ancrée dans une esthétique jazzistique post-bop où la révolution n’est pas à l’ordre du jour mais où l’on sent l’imprégnation d’une tradition bien assimilée, cette collectionneuse de kimonos nous offre un album bien dans l’air du temps.

https://www.mikiyamanaka.com/

       

Autre pianiste que l’on connait peu en France, le grec George Kontrafouris signe un disque bien nommé tant son « Vin Doux » (LB Music/L’Autre Distribution) se déguste avec délice. Avec son trio, il a eu la bonne idée d’y faire la part belle à l’un des meilleurs harmonicistes de l’hexagone dont nous avons déjà parlé ici, l’excellent Laurent Maur. Si la musique est de facture assez classique, l’originalité de la formation nous invite à découvrir un son d’orchestre peu courant, nous rappelant certains enregistrements de l’inoubliable Toots Thielemans. Avec un trio qui lui va comme un gant, Laurent Maur montre une fois de plus sa grande maîtrise de l’instrument qu’il mêle à un sens musical indéniable et qui lui fait caresser les mélodies avec une envie communicative. A déguster sans modération !

https://www.laurentmaur.com/

       

Autre instrument que l’on ne voit pas si souvent en petite formation, le saxophone baryton est à l’honneur avec Céline Bonacina qui l’a définitivement adopté depuis des années. Après des débuts  au sein de big bands parisiens avant de s’installer pendant sept ans à l’Ile de la Réunion où elle enregistra son premier album personnel, elle se fit connaître à son retour en métropole en sortant deux disques chez ACT produits par le guitariste Nguyên Lê puis deux autres sur le label Cristal Records où parait aujourd’hui ce « Jump ! » avec son quartet franco-américain. On y sent des réminiscences de jazz fusion, ce qui n’a rien d’étonnant chez cette admiratrice de Michael Brecker, et l’alliage du son majestueux du baryton à une rythmique de premier ordre comblera les amateurs du genre. Aussi créatif qu’efficace.

https://celine-bonacina.com/

       


Mais la véritable surprise de cette rentrée, c’est l’album « Pannonica » (Zoot Records/Socadisc), réunissant le Zoot Octet et Natalie Dessay dont la diction et le grain de voix superbe et naturel en font la récitante idéale pour cette fresque musicale et poétique. Il s’agit d’une adaptation du spectacle du même nom dont la première fut donnée à la Seine Musicale en octobre 2019. Le texte particulièrement réussi d’Elsa Rooke évoque la vie de Pannonica de Koenigswarter, celle qu’on surnomma la “Baronne du Jazz” pour ses origines aristocratiques et son soutien indéfectible aux musiciens afro-américains. Et pour illustrer cette histoire réinventée,  le Zoot Octet se révèle un orchestre remarquable d’authenticité, nous plongeant dans l’atmosphère new-yorkaise des années 50. Un travail aussi superbe qu’attachant qui fait de ce projet une réussite totale.

https://www.nataliedessay.fr/

       

Enfin, pour continuer et terminer en beauté, signalons la réédition de deux albums d’une figure historique du jazz danois réunis dans un double CD intitulé « Alex Riel in New-York » (Stunt/UVM). Ce batteur légendaire qui accompagna tout le gratin américain du jazz de passage au fameux Jazzhus Montmartre de Copenhague (de Stan Getz à Archie Shepp en passant par Dexter Gordon, Ben Webster, Benny Golson et bien d’autres) rassembla quelques premiers couteaux autour de lui pour deux séances new-yorkaises à la fin des années 90 : Michael Brecker et Jerry Bergonzi (peut-être la seule fois où les deux ténors ont enregistré ensemble et leurs joutes valent vraiment le détour), Mike Stern, Kenny Werner, Eddie Gomez et les frères Doky. Pour qui aime le jazz moderne héritier du hard bop, voilà un trésor sorti de l’armoire qui nous rappelle que les meilleures sessions de jazz sont parfois les plus improbables.

http://www.alexriel.dk/

       

Philippe Vincent



Directeur de la Société OMD (1983 - 1996) spécialisée dans la distribution de labels Jazz
(Enja, Timeless, Muse, Sunnyside, GRP, etc), créateur du label IDA Records (1984 - 1998)
qui enregistra Barney Wilen, Louis Sclavis, Laurent De Wilde, Enrico Pierannunzi
et bien d'autres, Philippe Vincent est membre de l'Académie du Jazz et collaborateur
régulier de Jazz Magazine depuis 2008.

Festival

Clermont-Ferrand "Jazz en Tête" - 24 au 28 octobre 2023

 

La 36e édition du festival Auvergnat se tiendra du 24 au 28 octobre à la maison de la culture de Clermont-Ferrand. Au programme, on mentionnera notament le duo Sylvain Luc / Bernard Lubat, le 26 mais surtout deux têtes d'affiche exceptionnelles, le pianiste Brad Mehldau le 24 et la formidable chanteuse Robin McKelle qui viendra présenter son dernier album "Impressions Of Ella" le 28.

Retrouvez toute la programmation sur le site du festival.

https://www.jazzentete.com/

       

https://www.bradmehldaumusic.com/

https://robinmckelle.com/

Ce n'est pas du Jazz, mais...

Willie NELSON / Bluegrass


A 90 ans, Willie Nelson pourrait prendre une retraite bien méritée mais quand on a la musique dans le sang, impossible de s'arrêter. La figure de proue de l'Outlaw Country vient donc de publier "Bluegrass", son 151e album selon le comptage réalisé par le magazine Texas Monthly. Artiste éclectique qui ne se cantonne pas à la Country (Rappelons nous "My Way", son album hommage à son ami Frank Sinatra, sorti en 2019), il nous propose 12 de ses titres emblématiques, en particulier son fameux "On The Road Again", revisités dans le style musical des Appalaches popularisé par Bill Monroe. L'album, produit par Buddy Cannon, a été enregistré à Nashville Comme toujours avec Willie Nelson, tout est parfait, le choix des morceaux, les instrumentistes, les arrangements et bien sûr, sa voix et son jeu de guitare inimitables.
Willie Nelson a entamé une nouvelle tournée, le "Outlaw Music Festival Tour" en compagnie d'artistes comme Robert Plant, Alison Krauss, Bobby Weir ou encore John Fogerty, mais malheureusement, aucune date n'est semble t'il prévue en Europe.

https://willienelson.com/

Seul petit bémol, la pochette vraiment très laide, due à Micah, le fils de Willie.

       

Cette chronique est l'occasion de vous présenter un groupe familial de Bluegrass, The Petersens, originaires de Branson dans le Missouri. A l'instar de la Carter Family, ils perpétuent la grande tradition de ces familles du sud qui font vivre la musique de leur territoire.

Un artiste à découvrir ou à redécouvrir

François BARRAUD (1899 - 1934)

François-Emile Barraud  est un peintre, dessinateur, graveur et sculpteur Suisse né à La Chaux-de-Fonds. Il étudie à l'école des Beaux-Arts de sa ville natale. Il s'installe ensuite à Paris où il rejoint le mouvement de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit). Son style réaliste le rapproche d'artistes comme Balthus et Moïse Kisling. Il meurt à 35 ans de la tuberculose.

"Le Malcontent" - Oil On Canvas (1930) - 84 X 67,5

Une photo, une histoire

France - Guyane - Le fleuve Maroni - 17 avril 2014

Long de 612 Km, le fleuve Maroni marque la frontière entre la Guyane Française et le Surinam, l'ancienne Guyane Néerlandaise devenue indépendante en 1975. Sur cette photo que j'ai prise à Saint Laurent du Maroni, en amont de l'embouchure du fleuve, on peut voir les pirogues longues et étroites des passeurs qui proposent leurs services pour des déplacements transfrontaliers quotidiens.

Mes derniers albums photos en ligne sur Adobe Express

My Favorite Pictures 2002 - 2011


Parmi les milliers de photos que j'ai prises au fil des années, j'en ai sélectionnées quelques-unes, mes préférées.

https://new.express.adobe.com/webpage/CnRlcIvY3MLK6

 

My Favorite Pictures 2012 - 2023


Parmi les milliers de photos que j'ai prises au fil des années, j'en ai sélectionnées quelques-unes, mes préférées.

https://new.express.adobe.com/webpage/Ks9VnGAfD6QY0

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France - Colmar - Musée Unterlinden
Armand Guillaumin "La Vallée de la Creuse" 26 décembre 2022

"I don't have a definition of Jazz. You're just supposed to know it when you hear it".
Thelonious Monk

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